2011. Quatre savants grecs analysent les anciens textes.

Quatre savants grecs d'un seul coup? Hé oui, Efstratios Theodossiou, Vassilios N. Manimanis, Milan S. Dimitrijevic et Peter Z. Mantarakis, se sont mis en quatre, pardon, à quatre, pour éuudier les vieux textes grecs, et séparer le bon grain de l'ivraie, c'est à dire la mythologie de la science.

Nous allons passer rapidement sur ce qui ne concerne pas la rougeur de Sirius.
Dans une présentation de Sirius dans sa constellation "Canis major", ils rappellent que les grecs l'appelaient Séirios (d'où Sirius), qui signifie flamboyant, ardent, et que Ptolémée la qualifiait d'hypokirros, dont curieusement, ils ne donnent pas la traduction.
Nos auteurs passent ensuite à la mythologie grecque, évoquant les amours d'Orion et d'Artémis, et présentant des mythes peu connus, où Sirius est Cerbère, ou l'un des chiens d'Actéon, ou le chien d'Ikarios, ou de Géryon.
Puis il passent à Sirius dans la littérature grecque, évoquant l'Argonautica, Homère, Hésiode, Eschyle, Aratus, Eratosthènes, Apollonius de Rhodes, Diodore de Sicile, Lucien de Samosate, Ptolémée, Plutarque, mais aussi des auteurs moins connus comme Alcaeus, Theognis, Lycophron, Quintus Smyrnaeus ou Nonnus, ce qui nous donne l'occasion de comprendre que nous connaissions moins bien la littérature grecque que nous ne pensions.
Passant aux auteurs latins, ils confirment que les latins adoptèrent la constellation du chien des grecs, que pour eux Sirius est l'étoile du chien, mais que parfois, ils ne distinguent pas l'étoile et la constellation du chien.
Puis ils mentionnent la légende d'Ikarios et de sa chienne Maira, identifiée par Nonnus à Sirius, rappelant au passage que Procyon (le chien d'avant), s'appelle ainsi parce qu'il se lève avant le grand chien.
Il leur reste à parler, de l'étoile brulante, l'étoile de la canicule. Et de mentionner la conjonction de la réapparition de Sirius avec la période des chaleurs, et de rappeler la légende des habitants de Kéa, sacrifiant aux dieux lors d'une famine, et en obtenant l'arrivée des vents étésiens. Et de rappeler ce qu'en disait Géminos:
For everyone assumes that the star has a peculiar power and is the cause of the intensification of summertime heat, when it rises with the sun.
Car tout le monde suppose que l'étoile a un pouvoir particulier et est la cause de l'intensification de la chaleur de l'été, quand elle se lève avec le soleil.
Certes, Géminos le disait, mais il consacrait aussi plusieurs pages à expliquer que c'était absurde.

Nous arrivons à la couleur rouge de Sirius.
It is an interesting fact that the star’s color is mentioned by most ancient authors as red,
C'est un fait intéressant que la plupart des auteurs anciens mentionnent la couleur de l'étoile comme rouge,
Voila qui commence mal, car nous avons vu que seul Horace utilisait vraiment le mot rouge.
Ensuite nos auteurs nous apprennent que Quintus Smyrnaeus aurait qualifié Sirius de rouge dans La chute de Troie. C'est vrai, mais ce passage parle manifestement du lever héliaque de Sirius.
Passant en quelques mots sur les citations d'Horace et de Sénèque, ils mentionnent ensuite l'opinion de T. J. J. See, dont nous avons vu ce qu'elle valait.
Horace (first century BC), Seneca (first century AD) and Aratus (third century BC) also described Sirius as being red in color.
Horace (premier siècle av. J.-C.), Sénèque (premier siècle après JC) et Aratus (troisième siècle av. J.-C.) ont également décrit Sirius comme étant de couleur rouge.
Pardon? qu'est ce que c'est que cette absurdité? Aratos a dit que le chien était fort varié, il n'a jamais dit que Sirius était rouge.
Heureusement, nos auteurs se rachètent, et après avoir trouvé douteuses de nombreuses citations, ils en viennent à poser le problème:
So probably the correct question to ask here is not really ‘Was Sirius red in antiquity?’, but rather ‘Did Sirius sometimes appear to be red, or was it sometimes described as red (or other colors) in antiquity, and if so what did this mean?’.
Donc, probablement, la bonne question à poser ici n'est pas vraiment «Sirius était-elle rouge dans l'Antiquité?», Mais plutôt «Sirius paraissait-elle parfois rouge ou était-elle parfois décrite comme rouge (ou d'autres couleurs) dans l'Antiquité? Et si oui, que cela signifie-t-il?»
Et d'évoquer les classiques explications:
- Sirius B était dans l'Antiquité une géante rouge, mais l'astrophysique nous enseigne qu'il faut bien plus que quelques milliers d'années pour qu'elle soit devenue une étoile blanche.
- Un nuage interstellaire est venu se placer entre Sirius et nous, en la rougissant, mais ceci est peu probable, vu la faible distance de Sirius
Note: Il y a un meilleur argument: ce nuage aurait provoqué une diminution de luminosité jamais signalée.
- L'explication la plus probable est que cette ancienne tradition de la rougeur de Sirius vient de ce qu'on l'observait proche de l'horizon, rougie par la diffusion Rayleigh.

Ouf! nos auteurs échappent au bonnet d'âne.
(Efstratios Theodossiou, Vassilios N. Manimanis, Milan S. Dimitrijevic and Peter Z. Mantarakis,Sirius in ancient greek and roman litterature, Journal of Astronomical History and Heritage, 14(3), 180-189, (2011) )

Dernière mise à jour: 02/10/2018

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